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Mur de l'ancienne abbaye de Peybaron

Ruines de l’Abbaye de Prébayon

 

Les Dentelles de Montmirail qui marquent la frontière nord du village de Beaumes-de-Venise constituent une terre de vignobles puisque on y trouve les villages de Gigondas, Vacqueyras et Beaumes-de-Venise pour les crus ainsi que Séguret et Sablet pour les Côtes du Rhône Villages.

 

Mais c’est aussi une région de légendes et de patrimoine : niché entre les communes de Sablet et Séguret, on trouve les ruines de l’abbaye de Prébayon. Cet édifice était la première abbaye féminine du Vaucluse, les moniales y suivaient la règle de Césaire d’Arles, outre la pauvreté et la chasteté, cette règle imposait également un partage des vêtements et des cellules ainsi qu’un strict respect des jeûnes.
C’est en 611 que l’abbesse Rusticule demande à Germilie –parente de la reine Radegonde de Poitiers- d’intercéder auprès de l’evêque de Vaison, Artemius, pour que celui-ci apporte son aide à la fondation d’un monastère sur le lieu-dit ‘Pratum Valicum’, à la source du Trignon (un affluent de l’Ouvèze qui traverse Sablet et Gigondas). Le prélat accepte, et cinq filles de nobles rejoignent l’abbesse. Trois ans plus tard les moniales sont dix-huit, signe du succès de cette nouvelle abbaye.
La vie de l’abbaye s’étale sur plusieurs siècles, victime de raids sarrasins, elle est totalement détruite en 850 puis reconstruite par l’évêque de Vaison, Aredius.
Les moniales quittent définitivement l’endroit en 1228 après une crue terrible du Trignon qui fit des victimes parmi les sœurs et ruina le bâtiment, les survivantes décidèrent de quitter la retraite de Prébayon pour Saint-André-de-Ramières.

 

 

Sentier menant aux ruines de l'abbaye.

Sentier menant aux ruines de l’abbaye de Prébayon.

 

L’édifice ou plutôt, le pont qui permet d’y accéder est l’objet d’une curieuse légende. Celui-ci serait en effet l’œuvre d’un diable. Ce dernier se présenta sous les traits de l’évêque de Vaison, et sembla s’enquérir de leur isolement. Pour lui, la raison tenait à l’absence d’un pont.
On lui répondit qu’au vu de la pauvreté de la communauté, il était inconcevable d’engager pareille dépense pour un tel édifice. Celui qui se prétendait évêque se proposa de prendre en charge l’édification de ce pont, à la condition que les nonnes lui jurent fidélité, obéissance et allégeance aussi longtemps que le pont serait debout. Enfin il leur promit qu’il lui suffirait d’une nuit pour terminer l’édifice.
Le pont fut effectivement achevé le lendemain. Dès lors s’installa sur le lieu une myriade de petits démons qui firent, avec les pauvres filles désormais en tenue d’Eve, un sabbat qui dura des années.
Mais un beau jour Dieu vit ce qu’il se passait en ce lieu, il fit alors tellement gonfler le Trignon que la crue fit place nette : plus de démons, d’abbaye ou de religieuses, seul restait debout le pont. Ce dernier passe d’ailleurs pour être le tout premier “pont du Diable”.

 

 

Le "Pont du Diable" de Prébayon vu du dessus, et depuis le lit du Trignon.

Le “Pont du Diable” vu du dessus, et depuis le lit du Trignon.

 

L’accès à ces ruines ne peut se faire qu’à pied. Plusieurs sentiers balisés passent par ou à proximité de l’abbaye de Prébayon, notamment le sentier de grande randonnée 4 (GR 4). Et il existe de nombreux circuits sur internet proposant de découvrir ces ruines mais aussi le village de Séguret, ou bien la crête de Saint-Amand.
D’autres ordres monastiques ont également vécu dans les dentelles de Montmirail, l’ordre des cisterciens était notamment représenté par des moines bernardins. La légende ne dit pas si –comme à Cîteaux, en Bourgogne- les moines ont goûté la terre pour trouver le meilleur terroir pour le muscat, mais vous pouvez vous faire votre propre idée en dégustant une bouteille de Muscat de Beaumes-de-Venise du Domaine des Bernardins.

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